Culture
Quand l’art et la fin du monde ne font qu’un
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La fin du monde, source d’inspiration
Depuis la nuit des temps, la fin du monde stimule la curiosité et la créativité. Qu’arrivera-t-il ? C’est la question que tous se posent. L’une des prédictions des Aztèques des plus populaires pour la fin du monde est qu’elle devait se produire en décembre 2012. Beaucoup d’opinions peuvent se lire sur ce sujet mais aujourd’hui nous voudrions découvrir quelques œuvres d’art liées à la fin du monde. Certaines sont vraiment inquiétantes.
L’Apocalypse de Léonard de Vinci
171 prophéties décrivent la fin du monde avec un langage obscur et solennel. Accablé par la force brutale et imparable, l’homme devient une créature impitoyable, sauvage, dominée par les instincts animaux, capable de commettre des crimes odieux contre sa propre espèce. Ce sont des images sanglantes, terrifiantes, voire dégoûtantes, qui pourraient être l’intrigue très réussie d’un film d’horreur. Le monde prophétisé par Léonard de Vinci est un monde horrible, torturé, menacé par les bêtes sauvages et les zombies qui volent toute richesse à l’homme et le pousse dans l’obscurité.Ce ravage n’épargnera même pas les créatures innocentes : les bébés seront arrachés des bras de leurs mères. Une nouvelle Babylone va naître, dans laquelle toute forme de communication et de compréhension sera impossible.
La fin du monde au cinéma
Dans la semence de l’homme, film bizarre et extrême de Marco Ferreri, sorti en 1969, un jeune couple survit à une catastrophe mystérieuse et tente d’aller de l’avant dans l’espoir de se recréer un futur. Le garçon n’abandonne pas et c’est avec enthousiasme qu’il recueille divers objets et aliments dans le but de créer
un « musée de l’humanité disparue » dans une maison inhabitée en face de l’océan où le couple s’est réfugié.
Nombreux sont les films plus ou moins récent inspirés par la fin du monde, en voici quelques uns mais impossible de les citer tous.
- New York 1997 (1981)
Escape From New York
Film de John Carpenter avec Kurt Russell, Lee Van Cleef, Ernest Borgnine - New York ne répond plus (1975)
The Ultimate Warrior
Film de Robert Clouse avec Joanna Miles, William Smith, Stephen McHattie - Mad Max (1979)
Film de George Miller avec Mel Gibson, Joanne Samuel, Hugh Keays-Byrne - Je suis une légende (2007)
I Am Legend
Film de Francis Lawrence avec Will Smith, Alice Braga, Charlie Tahan - Los Angeles 2013 (1996)
Escape from L.A.
Film de John Carpenter avec Kurt Russell, Peter Fonda, Cliff Robertson - Le Règne du feu (2002)
Reign of Fire
Film de Rob Bowman avec Christian Bale, Matthew McConaughey, Izabella Scorupco - La Planète des singes (1968)
Planet of the Apes
Film de Franklin J. Schaffner avec Charlton Heston, Roddy McDowall, Kim Hunter - The Day (2012)
Film de Douglas Aarniokoski avec Shannyn Sossamon, Dominic Monaghan, Shawn Ashmore
L’exposition La fin du monde
La même atmosphère peut se percevoir en allant visiter l’exposition La fin du monde, qui a inauguré la réouverture du Centre d’art contemporain Pecci après trois années de restructuration : grand nombre des œuvres exposées dans les salles imposantes du bâtiment – principalement des installations environnementales, des photographies, vidéo, mais aussi des peintures et même une sculpture – ressemblent aux restes de la Terre conservées et mises en ordre par un homme miraculeusement échappé à une sorte d’apocalypse, désireux, tout comme le héros du film de Ferreri, « exposés » pour préserver sa mémoire.
On remarque en particulier Petrified Forest de Jimmie Durham (2003), un bureau couvert de débris, Break-Through (one) de Thomas Hirschhorn (2016), un plafond affaissé d’où émerges un amas de poutres à moitié détruites, et, également par le même artiste, Crystal – phones (2016), une vitrine contenant des téléphones mobiles partiellement piégés dans des formations minérales. Dans un tel contexte post apocalyptique, même le légendaire Roue de Bicyclette par Duchamp (1913) – l’une des pièces les plus célèbres, cesse au moins momentanément,d’être l’une des œuvres les plus représentatives de l’artiste français pour devenir à nos yeux, un simple et maintenant inutile, reste d’une sorte de machine qui était autrefois pleinement fonctionnelle.
Toutefois, la fin du monde évoquée par l’exposition ne doit pas être comprise comme un événement catastrophique en soi, mais de façon plus subtile et métaphorique, comme un sentiment, une condition qui nous traverse tous, qui nous oblige à réfléchir sur l’état d’incertitude profonde qui provient des facettes les plus alarmantes du monde contemporain. Quelques-unes des œuvres exposées dégagent un sentiment d’aliénation qui semble posséder de plus en plus l’être humain, comme une célébration de Polina Janis (2015), vidéo dans laquelle des couples d’hommes en uniforme esquissent des pas de danse avec apathie, sans jamais se regarder, finissant par ressembler à un groupe effrayant de zombies sans défense. C’est une aliénation causée en partie ces outils contemporains animés tels que les ordinateurs et les téléphones mobiles plus avancés (ces derniers éléments ne sont pas présents dans d’oeuvre de Hirschhorn Crystal – phones), un confort cruel de ces objets qui, derrière leur incontestable et brillante utilité, peuvent être insidieux, capables de déformer la perception de la réalité et empoisonner la communication réelle.
D’autres oeuvres inspirées par la fin du monde
The Rising Tide
The Rising Tide, sculptures de l’artiste britannique Jason deCaires Taylor qui émergent des eaux de la Tamise, à Londres, quand la marée descend et coulent quand l’eau les submerge. Déjà surnommés les » Cavaliers de l’Apocalypse « , non seulement parce qu’ils sont quatre, mais surtout pour le message qu’ils portent. Les sculptures sont des statues équestres, des cavaliers à cheval dont la tête, cependant, rappelle une pompe pour l’extraction du pétrole. Et en fait, ils représentent un avertissement sévère contre la pollution qui rend, année après année, notre planète de plus en plus dangereuse pour l’homme lui-même en raison de l’exploitation des ressources de charbon et fossiles. The Rising Tide pointe le doigt sur les changements climatiques qui, dans un proche avenir, pourraient radicalement changer nos vies.
La fin du monde dans la musique
Si vous voulez vous préparer pour l’Apocalypse, voici quelques chansons aptes à passer les derniers instants de la vie sur Terre. L’inspiration est anglo-saxonne.
- R.E.M. – It’s The End Of The World As We Know It (And I Feel Fine) pour Robert Stipe c’est un moment de joie et de liberté
- U2 – Until The End Of The World : une conversation entre Judas et Jésus
- Cure – The End of the World : Robert Smith pense que la fin du monde arrive un jour, oui, et l’autre aussi
- Metallica – Les Quatre Cavaliers: les quatre cavaliers de l’Apocalypse ne pouvaient pas manquer
- The Doors – The End: c’est la chanson parfaite à finir, non ?
En français, Gérard Palaprat chantait :
Pour la fin du monde prends ta valise
Et va là-haut sur la montagne on t’attend
Mets dans ta valise une simple chemise
Pour la fin du monde pas de vêtements…
Il ne semble y avoir aucune échappatoire et nous sommes forcés de percevoir le sens incessant de fin sous toutes ses formes qui imprègnent les diverses expressions de l’art. Pourtant, en y regardant de plus près, le charme de certaines œuvres nous amène à apprécier le côté hypnotique et parfois même poétique de cette fin inquiétante, qui nous permet, au moins pour un moment, d’oublier (en partie) les risques catastrophiques auxquels nous pourrions bientôt rencontrer.